Escapade à bangalore

Promenade naturaliste autour du VISHALAKSHI
Pour tous les curieux de la nature Raphaël présente quelques observations qu’il a pu effectuer lors de son séjour à Bangalore à l’occasion des fêtes de Navrati 2009.
Il vous invite ce mois-ci à admirer la remarquable fleur du Lis glorieux qui est cultivé dans les jardins
indiens et notamment en bordure des allées qui
mènent au VISHALAKSHI MANTAP dans l’enceinte de
l’ashram de Bangalore.
Mais gardez vos distances ! En effet cette plante aux fleurs attractives renferme des éléments dangereux. Gloriosa superba, le lis glorieux
Noms anglais : Lily flamme, Fire lily, Lily Gloriosa ,
Lily Glory, Creeping lysNoms hindi : Harihari, Kalihari C'est la fleur emblématique de l'état du Tamil Nadu.
Avec une dizaine de ses cousines tropicales d’Afrique et d’Asie le lis glorieux appartient au genre Gloriosa dont la révision botanique récente a conduit à le séparer de la famille des Liliacées pour le rattacher à la famille des Colchicacées. Mais ces subtilités de classification botanique ne présentent aucun intérêt pour le promeneur si ce n’est qu’elles mettent l’accent sur le fait que le lis glorieux est proche botaniquement des colchiques alors que les fleurs de ces espèces ne se ressemblent pas du tout.
DescriptionLes Gloriosa sont des herbes vivaces de 1 à 2 m de haut, leur feuillage est vert sombre. Elles grimpent sur les plantes voisines grâce à des vrilles situées à l’extrémité des feuilles.
Les fleurs solitaires très caractéristiques sont constituées de 6 longs pétales étroits, de 6 étamines saillantes et d’un long style.
Attention toutes les parties de la plante contiennent de la colchicine et des
alcaloïdes qui sont très toxiques s'ils sont ingérés, en particulier les tubercules; le contact avec les tiges et les feuilles peut provoquer des irritations cutanées. L’intoxication par ingestion de colchicine se manifeste par des troubles digestifs violents, des troubles sanguins et neurologiques qui peuvent entrainer la mort.
La colchicine est utilisée comme médicament. Elle est surtout prescrite dans le traitement de la crise de goutte mais son indication a été étendue à d'autres maladies inflammatoires, comme la fièvre méditerranéenne familiale. La colchicine est efficace dans le traitement de la goutte parce qu'elle inhibe la motilité des leucocytes, ce qui les empêche d'affluer autour des cristaux d'acide urique. Elle n'a pas de propriétés anti-inflammatoires comme les glucocorticoïdes et les anti-inflammatoires non stéroïdiens et ne modifie pas l'élimination de l'acide urique.
En botanique, la colchicine est également utilisée pour modifier les chromosomes et induire une polyploïdie dans les cellules végétales en cours de mitose. La colchicine a été historiquement isolée du colchique d’automne, Colchicum autumnale, mais cette culture est difficile et aujourd’hui l’industrie pharmaceutique privilégie l’extraction de colchicine à partir des graines de Gloriosa superba et d’espèces voisines cultivées expressément en Inde dans ce but.
Le réputé safran est obtenu à partir d’un crocus, plus précisément, il s'agit du Crocus sativus. Cueillis manuellement, les stigmates (ou extrémités supérieures du pistil) de cette fleur constituent l'épice la plus chère du monde.
Attention il ne faut pas confondre les crocus et les colchiques. Ils se ressemblent beaucoup, mais colchiques et crocus sont des plantes appartenant à des familles différentes : les Colchicacées (anciennement Liliacées) pour les colchiques, les Iridacées pour les crocus. La distinction est facile à faire au niveau des organes reproducteurs : les crocus n'ont que trois étamines, contre six aux colchiques; ils ont un seul style, à trois stigmates souvent découpés en fines lanières, tandis que les colchiques ont trois styles. Il existe des crocus qui fleurissent au printemps mais le safran quant à lui fleurit à la fin de l'été comme le colchique. En principe lors de vos ballades automnales vous avez peu de chance de vous tromper, le safran est une plante cultivée inexistante à l'état sauvage car son pollen est stérile et sa reproduction doit impérativement faire appel à l’intervention humaine. En tout cas ne vous risquez pas à porter à la bouche les fleurs de colchique que vous pourriez cueillir lors d’une promenade.
Safran (crocus)
Colchique d’automne (safran bâtard)

Source: http://www.artdevivre.fr/newsletter/10/07/images/newsletter/lisglorieux.pdf